google.com, pub-4889604885818732, DIRECT, f08c47fec0942fa0
3 min lu
09 Feb
09Feb

Éminence,


Qu’il me soit permis de vous exprimer très filialement, par une lettre ouverte, toute mon admiration et toute ma reconnaissance, pour votre calme et votre silence face aux vents contraires incarnés dans des personnes contre votre barque d’apôtre dans le vaste océan de la mission que le Christ vous a confiée en cette terre bénie de la République Centrafricaine encore en quête de paix, de réconciliation, de tolérance, de cohésion sociale et de cohabitation pacifique. Digne fils de ce pays, vous avez fait de ces valeurs le cheval de bataille de votre épiscopat. Infatigables artisans de paix dont rien n’arrête, vous et les autres leaders religieux, vous avez, comme les enfants d’un même père, franchi et enjambé tous les obstacles naturels, sociaux et sécuritaires pour barrer la route de la
déstabilisation de notre pays, instrumentalisée sous le vocable et le prétexte d’une guerre religieuse.

C’est dans ce noble engagement pour la paix que votre frère de lutte, l’imam Kobine LAYAMA, a trouvé la mort (que le Seigneur lui accorde le repos éternel digne de l’artisan de paix qu’il a été). C’est le chemin de toutes les personnes qui œuvrent pour la paix.

Souvenez-vous des consignes de Jésus à ses disciples en Matt 10,16 ; Marc 13,9 ; Luc 10,3 ; Jean 15,20 ; Jean 16,33.

Merci, Éminence, pour votre posture morale et spirituelle qui vous permet de prendre de la hauteur et de vous situer au-dessus de la mêlée.

On se souvient encore de votre détermination pour notre pays lorsqu’en plein cœur de la crise centrafricaine, vous alliez, dans les balles sifflantes, ramasser les cadavres pour les inhumer ; vous alliez, les mains nues chez les rebelles, plaider la libération des otages ; aussi, les tueries dans l’Église de Fatima, le 1er mai 2018, pouvaient conduire au génocide ; vous avez osé appeler au calme pour renoncer à la violence.

Éminence, beaucoup de voix s’élèvent aujourd’hui et vous demandent de répondre à ces personnes habitées par la haine et le mépris. Continuez de garder votre silence comme votre Maître, le Christ, Sagesse suprême, en face de Pilate (Jn19, 9). Le silence est le haut degré de la sagesse, il est la qualité d’un leader.

« Silence, tais-toi » ordonne Jésus quand les vents de la tempête se sont déchaînés contre la barque qui le transportait, Lui et les apôtres dans la traversée du lac en Mc 4, 39.
« Silence, tais-toi » Mc 4, 39 : N’est-il pas la devise de votre prédécesseur Mgr Joachin Ndayen, de vénérée mémoire ?

Père-Evêque, vous êtes actuellement l’image du fleuve dans lequel on jette toutes sortes d’ordures. Ce fleuve les draine patiemment et calmement vers d’autres demeures en laissant apparaître toujours la beauté et la clarté du courant d’eau. C’est l’image du « Christ, lui qui, insulté sans rendre l’insulte, maltraité sans proférer de menaces mais s’en remettait à celui qui juge avec justice.» 1Pierre 2, 23

« Duti kpo ba ndo » (reste calme et observe), le temps fera paraître au grand jour les vrais désirs qui habitent ces personnes qui s’acharnent contre vous et l’Église, famille de Dieu en Centrafrique. Ces personnes sont à quel solde ? Dieu nous le révèlera. Et cette heure sonnera bientôt. Qu’elles sachent ce qui suit : l’Église reçoit des coups et ne répond pas, mais c’est une enclume qui a usé bien de grands et puissants marteaux.

A Dieu la vengeance comme Il le dit en Deutéronome 32,35 et Romain 12,19.

Regardez, Père-Evêque, toutes ces foules immenses qui viennent à votre rencontre lors de vos visites pastorales dans les diocèses du Centrafrique. Ces visites rassemblent les catholiques, les protestants, les musulmans et les païens, enfants, jeunes, hommes et femmes. Ces visites font tomber toutes les barrières religieuses ; et tous, comme un seul peuple, vous écoutent sans se lasser. Vous constituez, pour ce peuple assoiffé de paix, le réconfort de leur espoir : espoir de vivre dans la paix, de se nourrir, se vêtir, se loger, se soigner et s’instruire. « Si Dieu est avec nous qui sera contre nous… Nous avons été abandonnés, mais Dieu ne nous a pas oubliés » disent–ils.

En effet, vous allez, à mains nues, dans les coins les plus reculés de notre pays ; des lieux qui sont quasi-abandonnés, sans une véritable présence de l’administration, des lieux complètement oubliés avec une population meurtrie, vouée parfois à leur triste sort. Ces populations retrouvent la joie au moins pendant votre passage. N’est-il pas un signe pour vous ? Vous êtes pasteur et soyez fier de l’être à la suite du Christ.

Un récent signe de Dieu, c’est le pèlerinage de l’archidiocèse à Notre Dame de Ngoukomba du 06 au 09/12/2023. Depuis sa création, aucun pèlerinage n’a eu une telle participation. Une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, comme le dit le livre de l’Apocalypse7, 9.

Aujourd’hui, le dynamisme observé au niveau des paroisses, qui marque une marche irréversible vers l’auto-prise en charge (construction et reconstruction des églises, créations de nouvelles paroisses, créations des écoles et dispensaires dans les contrées lointaines), est une réalité visible que le peuple voit.

Je vous demande simplement de prier pour eux car ils ne savent pas ce qu’ils font. « Priez pour vos ennemis et faites du bien à ceux qui vous persécutent » (cf Matthieu 5, 44-48). Tel est le chemin que le Christ nous indique en ces circonstances.

Éminence, que le Seigneur vous accorde beaucoup de courage pour continuer avec les mêmes ardeurs et les mêmes déterminations la mission du Christ auprès de ce peuple en quête de paix et de réconciliation.

Que la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Oubangui et de Ngoukomba, Mère des évêques et des prêtres vous couvre de son manteau maternel.

Fait à Bangui, 25/01/2024

En la fête de la conversion de st Paul, Apôtre des Nations

Bien filialement
Abbé Gaston ADJORA


TMNews@030224

Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.