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Cette encyclique du Pape François publiée ce jeudi 24 octobre 2024 enferme en elle cinq parties dans 220 paragraphes. Elle est bien parvenue comme une sorte d’intronisation du Cœur de Jésus dans les réalités déjà abordées dans son encyclique de 2015 Laudato si (sur la sauvegarde de la maison commune) et Fratelli Tutti de 2020 (sur la fraternité et l’amitié sociale). Dans Dilexit nos, tout est centré sur la relation d'amour de l'homme et son Dieu en nous aimant les uns autres pour mieux protéger la maison commune par la grâce du Cœur du Christ.
Dans les points développés, le Pape François a exposé en premier lieu l'importance du cœur qui ne peut être emprisonné par l'algorithme du monde moderne. Il n'a pas hésité à citer quelques figures de philosophie, de spiritualité et de théologie pour appuyer la nécessité pour l'homme de revenir à la sensibilité du cœur. La question fondamentale est à cet effet devant chaque action : ai-je un coeur ? Car, estime le Pape, le monde peut changer à partir du cœur. Nous devons revenir au cœur. Le Pape ne voit aucune science pouvant être capable d’épuiser la richesse du cœur. C’est plutôt dans la philosophie et la théologie que le mot “cœur” est important pour réaliser une synthèse (cfr n°15), tout en sachant que là où le philosophe arrête sa réflexion, le cœur croyant aime, adore, demande pardon et s’offre pour servir à l’endroit que le Seigneur lui donne de choisir pour le suivre(n°25).
A la deuxième partie, le Pape François plonge dans les écritures Saintes pour y puiser les gestes et les paroles d'amour qui sont de véritables reflets de la mission du Christ. Le Christ a eu au cours de son incarnation un sens profond de l'humanité. Son amour compatissant s'est manifesté sans mesure par des gestes et des paroles qu'il a réservés à ceux qu'il approchait tantôt pour guérir tantôt pour échanger. Par ses gestes, c’est tout son cœur qui se répandait. Il n’a jamais voulu traiter les hommes comme des étrangers en se faisant proches de l’humanité dans toutes ses réalités quotidiennes (cfr n°34) : ouvert à des rencontres même au milieu de la nuit, affronter l’indifférence, inviter à la confiance, il pousse à surmonter le doute, il regarde avec compassion et tendresse,…
Après avoir décrit l'amour du Cœur de Jésus dans les évangiles, le Pape François nous plonge au troisième niveau dans ce même Cœur qui a tant aimé pour la contemplation et l'adoration au sein de l’Eglise. C'est ici qu'il évoque l'importance de la vénération de l'image du Sacré-Cœur qui n'est en aucun cas l’objet d'adoration mais à savoir qu'elle n'a pas été inventée car elle représente le cœur du Christ; elle est un symbole réel qui représente le centre, la source d'où jailli le salut de l'humanité (n°52). Contempler le Cœur de Jésus ', c'est ressortir tout ce qui est du véritable amour. Le Christ, par sa volonté de miséricorde, a pris en lui ce qui affecte l'homme. C'est de cette image du Cœur de Jésus, qui est union indivisible de sa nature divine et de sa nature humaine, que le Pape ressort le triple amour: l'amour divin infini qui se trouve dans le Christ, la dimension spirituelle de l'humanité du Seigneur et le symbole de son amour sensible (n°65). Bien qu'étant christologique, la dévotion au Cœur de Jésus débouche à des perspectives trinitaires: Notre relation avec le Cœur du Christ se transforme alors sous l'impulsion de l'Esprit qui nous oriente vers le Père (n°77). Pour conclure cette partie, le Pape en évoquant ses prédécesseurs, notamment Leon XIII, Pie XII, Jean-Paul II et Benoît XVI, invite l'église entière à se libérer d'un dualisme dans le chef des communautés et pasteurs soucieux uniquement des activités extérieures dépourvues de l'évangile(cfr n°88).
A la quatrième partie, le Pape se concentre sur l'amour qui donne. C'est dans les écritures saintes que nous découvrons cette soif de l'amour de Dieu. Plusieurs versets ont décrit cette soif d'eau vive dans les sillages de l’hitoire du salut. C'est du côté transpercé du Christ que l'eau promise par Lui-même s'est déversée sur l'humanité (cfr n°97). C'est ainsi que la grâce de la Parole de Dieu a eu et continue à avoir des effets dans l'histoire de l'Eglise. Plusieurs maîtres en théologie, tels qu’Augustin, Bernard, Guillaume de Saint-Thierry, Bonaventure, ont été évoqués pour leurs admirables et profonds textes exposants sur l'eau de vie du Cœur de Jésus. C'est dans les expériences spirituelles de plusieurs saintes femmes que se prolongent la dévotion au Cœur de Jésus ; elles qui ont pu vivre l’expérience de la rencontre avec le Christ (Cfr n°110). Cette dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, née dans la discrétion de vie monastique, a traversé les frontières de l'humanité. C'est dans le diocèse de Rennes, grâce à l'initiative de Saint Jean Eudes, qu'il eût la célébration de la fête du Cœur adorable de Jésus pour la première fois au XVIIème siècle de manière officielle.
Dans cette même logique, le Pape François a exposé plusieurs saints et saintes qui ont contribué à cette dévotion : François de Sales, Marguerite-Marie Alacoque, Claude de la Colombière, Charles de Foucauld et Thérèse de l'Enfant Jésus. Ce n’est pas tout, le Pape a clôturé de partager ces expériences en évoquant les résonances de la dévotion dans la Compagnie de Jésus qui propose toujours une connaissance intérieure du Seigneur enfin de l'aimer et le suivre davantage. Dans ses exercices spirituels, Saint Ignace invite les dévots en ces termes : "Le côté de Jésus fut blessé par la lance, et il en coula de l'eau et du sang"(cfr n°144). De ce qui précède, nous ne pouvons pas oublier que cette dévotion s'est tracée dans la vie de plusieurs saints et saintes (Vincent de Paul, Pio de Pietrelcina, Teresa de Calcutta, Faustine Kowalska, Jean-Paul II).
En définitive, la dévotion au Cœur du Christ est une dévotion qui console lorsque nous acceptons d'être avec le Christ sur la Croix. La componction est une attitude qui prouve que nous répugnons le péché pour consoler le Christ qui a enduré de dures épreuvres pour nous. C’est ainsi, qu’en contemplant le Cœur du Christ, nous serons capables de consoler les autres(cfr n°161).
A la dernière partie, le Pape fait jaillir la pureté de l’amour qui aime par amour. En partageant l’expérience mystique de Sainte Marguerite-Marie Alacoque, le Pape François nous invite à contempler le regret de Jésus qui ne reçoit que des ingratitudes et des méconnaissances de la part des hommes : Jésus a soif d’être aimé. C’est au prix de la découverte de cet amour insondable du Christ pour nous que nous pouvons prolonger le même amour vers nos frères : « L’amour pour les frères ne se fabrique pas, il n’est pas le résultat de notre effort naturel mais il exige une transformation de notre cœur égoïste » (n°168).
Avant de conclure son encyclique, le Pape François nous ramène dans l’histoire de la spiritualité pour dialoguer avec des maitres spirituels comme Saint Ambroise qui recommande de s’abreuver au Christ; Saint Augustin qui dit que ce fleuve qui jaillit du croyant est la bienveillance (cfr n°174), Saint Bernard qui utilise la richesse de cette dévotion pour proposer un changement de vie fondé sur l’amour (cfr n°177); Saint François de Sales qui dans les choses les plus simples et les plus ordinaires, veut le cœur du Seigneur; Saint Charles de Foucauld voulait imiter Jésus-Christ, vivre comme Il a vécu, agir comme Il a agi, toujours faire ce que Jésus aurait fait à sa place (n°179),…
Après que le Pape nous ait couvert de cette connaissance, il nous invite sur un terrain plus pratique de la réconciliation. L’humanité ne peut guérir si ces ruines ne sont pas réparées. En citant son prédécesseur le Saint Pape Jean-Paul II qui a dit : la civilisation du Cœur du Christ pourra être bâtie sur les ruines accumulées par la haine et la violence, le Pape François voit dans le cœur du Christ la réparation de nos sociétés et de nos cœurs blessés. C’est tout le sens même de la beauté de demander pardon qui peut réparer toutes les ruines. Au paragraphe 200 de cette encyclique, le Pape François lance un appel : « Sœurs et frères, je propose que nous développions cette forme de réparation qui consiste, en définitive, à offrir au Cœur du Christ une nouvelle possibilité de répandre en ce monde les flammes de son ardente tendresse ». C’est dans l’honnêteté de notre foi au Cœur de Jésus que nous pouvons rendre le monde amoureux, et cela en communion avec les autres.
Abbé Jean-Marie KONDE, Prêtre de l'Archidiocèse de Kinshasa en mission Fidei donum dans l'Archidiocèse de Bangui
Bangui, le 25 octobre 2024
TMNews@191024