- Première Lecture : Exode 20,1–17
- Psaume : Psaume 19,8–11
- Deuxième Lecture : 1Corinthiens 1,22–25
- Évangile : Jean 2,13–25
Si le cœur avec tous ses sentiments et ses passions s’accrochent à une vérité, il entraine la tête avec toutes ses raisons. Dans l’agir humain il est difficile de distinguer le moteur principal qui meut nos actions et réactions. C’est le combat éternel entre l’inclination aux penchants et la tension de nos réflexions. La passion attendrit l’esprit tandis que la raison le remue. Aussi vrai qu’il est, l’amour balance le produit du cœur et le résultat de notre raison. Le fruit de cette mesure peut être nommé discernement. Le discernement est la modération appliquée. C’est la résultante d’une fusion de nos sentiments et de nos raisonnements malaxés par l’amour. Un amour qui est toujours mal perçu quand les humains se heurtent devant la loi semblant interrompre leur liberté.
Qu’il est beau d’appendre en ce dimanche que notre Dieu est jaloux. Sa jalousie c’est l’excès de son amour pour ses créatures. Il n’est pas passif. C’est dans la profession de foi des juifs qu’on peut bien le méditer (Dt 6,1-19) : Dieu veut être écouté comme l’Unique. Les lois divines données à l’homme sont une constitution qui devra régir le rapport entre Dieu et les hommes et les hommes entre eux. Nous sommes en face du décalogue. La première partie nous livre le comportement que l’homme doit adopter devant son Créateur. La seconde est celle qui se consacre aux attitudes morales pour l’équilibre dans la société. Sans négliger la deuxième partie, il me semble que la première est plus radicale. En libérant Israël, Dieu veut que Israël se mette à son service : Je suis le Seigneur ton Dieu, celui qui t’a fait sortir d’Égypte, du pays de l’esclavage : tu n’auras pas d’autre Dieu que moi. Israël est le temple où Dieu doit être adoré sans négligence.
Le temple voulu saint par Dieu ne cesse d’être souillé par la désobéissance. Celle-ci est une forme pratique de manque d’amour. Jésus, dévoré par la l’amour jaloux du temple (Ps 69,10), ne pouvait tolérer le voir profaner. L’esprit humain est parfois mesquin qu’il ne peut vouloir la noblesse dans ses liens avec Dieu. Nous aimons nous tailler des images à la mesure de nos perceptions. Dieu doit nous rejoindre et se montrer comme nous l’imaginons. Et notre spiritualité vole bas parce que nous mettons Dieu à notre service. Et pourtant c’est nous qui devons être à son service. Les marchands du temple, en collaboration avec des prêtres, ont barré la porte à Dieu pour servir les dieux des intérêts. Notre désir de servir Dieu doit être motivé par l’amour de sa loi. Si notre joie dans nos temples est tenue par la richesse, le mariage, le pouvoir, le succès…le fouet ne manquera pas à expulser une spiritualité ritualiste et sans fondement en Dieu. Jésus, par ce geste, se montre le nouveau temple. L’attention des baptisés doit désormais tourner vers le Christ nous annonçant sa mort et sa résurrection. Maintenant que nous sommes les membres du corps du Christ, son esprit habite en nous. Donc nous sommes le temple de l’esprit (I Co 3,16).
Celui qui est habité par l’Esprit de Dieu a tout le plaisir de jouir et de goûter à la sagesse. Car Toute sagesse vient du Seigneur ; elle reste auprès de lui pour toujours (Si 1,1). Cette sagesse qui vient du Seigneur échappe, selon le mot de Paul, à l’espoir des juifs pour les miracles et à la sagesse selon la conception helléniste. Car Le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour nous qui sommes sauvés, c’est la force de Dieu ( I Co 1,18). Les chrétiens restent à jamais ceux qui sont mus de l’intérieur par une force que le monde ne peut saisir. C’est pourquoi les folies de Dieu ont plus de sagesse que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les humains (I Co 1,22).
C’est tout ce qui bouscule l’obscurité et la folie des méchants. Tant que ceux qui ont choisi le mode de vie de facilité et de perversion ne se transformeront pas, l’amour jaloux habitant les cœurs du chrétien créera toujours des tempêtes. Car le combat contre l’obscurité dans le cœur des chrétiens est motivé par une force ne dépendant pas de lui. Combattre les chrétiens c’est combattre Dieu. C’est pourquoi, la vraie mesure pour mener une vie équilibrée en cette période de carême, est que chaque chrétien considère son corps, son église et son pays comme le temple de Dieu. L’implication directe à cette affirmation est de débusquer tous ceux qui changent le temple en caverne de bandits (Jr 7,11).
Prions : Dieu notre Père, nous sommes emportés par ton amour plus que jamais. Rien ne nous fait reculer devant ton appel à la liberté. Aide-nous à nous nourrir toujours de ta parole. Que nos cœurs ne changent en rien les lois que tu nous donnes. Que ta sagesse soit la lumière de nos pas pour que nous portions notre croix jusqu’à la fin de nos jours. Par Jésus le Christ notre Seigneur, Amen.
Abbé Jean-Marie KONDE
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