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12 Feb
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Exposé sur la XVIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques lors de la journée de formation permanente des prêtres oeuvrant dans l’Archidiocèse de Bangui le lundi 11 février 2025. Il comporte trois parties : le Préambule, l’essentiel du texte de la Deuxième Session et le Postambule. 

  1. Préambule 

La XVIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques que nous vous présentons dans le cadre de la formation permanente des prêtres est, comme l’indique son intitulé, la seizième depuis son érection par le Saint Pape Paul VI au début de la quatrième et dernière session du concile Vatican II. Pour un petit rappel, c’est dans sa Lettre Apostolique du 15 septembre 1965 sous forme de Motu Proprio intitulée Apostolica sollicitudo que le Saint Pape Paul VI avait institué le Synode des Evêques avec douze règles générales comme «conseil spécial permanent des Pasteurs sacrés»[1]. Le Saint Pape Paul VIécrivait au quatrième paragraphe : « C'est pourquoi, après mûre réflexion, en raison de Notre estime et de Notre respect pour tous les évêques catholiques, et pour qu'il leur soit donné de participer d'une façon plus manifeste et plus efficace à Notre sollicitude envers l'Église universelle, de Notre propre mouvement, et en vertu de Notre autorité apostolique, Nous érigeons et constituons en cette ville [...] ce Synode qui, comme toutes les institutions humaines, pourra être perfectionné par la suite… » 

A la suite du Saint Pape Paul VI,  tenant compte de différentes précisions apportées dans certains textes de l’Eglise comme Ordo Synodi Episcoporum de 1967, Ordo Synodi, promulguée par Benoît XVI le 29 septembre 2006, sans oublier les apports incontestables du Code du Droit Canonique et du Code des Canons des Églises orientales, Le Saint-Père, le Pape François, a apporté de nouvelles formes de vivre le fond des assemblées générales des Evêques. Ainsi avait-il publié à Rome le 15 septembre 2018,en la sixième année de son Pontificat la Constitution Apostolique Episcopalis Communio sur le Synode des Evêques. Il y a disposé et établi en 27 articles, selon le terme du Canon 342, enfermant l’essentiel sur Assemblée du Synode, la Phase préparatoire de l’Assemblée du Synode, la Phase de célébration de l’Assemblée du Synode, la Phase de mise en œuvre de l’Assemblée du Synode, le Secrétariat général du Synode des Évêques et les Dispositions finales.[2] 

Au demeurant, avant ce Seizième Synode des évêques, la dernière Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques en date, s’est déroulée à Rome du 3 au 28 octobre 2018 et s’est penchée sur le thème ci-après : Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. L’année suivante, il y eut du 6 au 27 octobre 2019 à Rome une Assemblée spéciale du Synode des évêques pour la région panamazonique. Après cette courte précision, visitons ensemble le contenu de la XVIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques. 

II. Au cœur de la Seizième 

1. Parcourt historique la XVIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques 

Comme le savons-nous, c’est le 7 septembre 2021 que le document préparatoire a été rendu public pour tous les diocèses du monde sous le thème : « Pour une église synodale, communion, participation et mission ». Le premier paragraphe annonçait de manière claire le travail attendu : « L’Église de Dieu est convoquée en Synode. Ce cheminement, sous le titre « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ». Le Synode a été ouvert solennellement les 9-10 octobre 2021 à Rome et le 17 octobre suivant dans chaque Église particulière. Avec ses onze paragraphes, le document faisant le canevas de réflexion était présenté sous quatre points : L’appel à marcher ensemble, Une Église constitutivement synodale, À l’écoute des Écritures et La synodalité en action: pistes pour la consultation du Peuple de Dieu

Toutes les églises particulières du monde ont dansé à ce rythme de réflexion et de collectes de données durant l’année 2021-2022 par des synodes diocésains, des retraites, des journées d’étude et de conférence sous la motion de l’Esprit Saint. Les équipes en forme de points focaux ont été officialisées pour présenter les synthèses au niveau des conférences épiscopales. Après cette phase locale, en 2023, les contenus de chaque diocèse ont traversé des frontières pour constituer des rapports à la dimension continentale avant la convocation de  la Permière Assemblée Générale Ordinaire à Rome. Le 29 mai 2023, l’Instrumentum laboris a été publié aux Membres synodaux pour la préparation. C’est le 4 octobre 2023 dans la Salle Paul VI que le Saint-Père a ouvert la Première Session de la XVIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques sous le thème « Pour une Eglise Synodale : Communion, Participation et Mission ». Dans son mot, le Saint-Père avait insisté sur le rôle de l’Esprit Saint pour ces assises : « J’insiste sur ce point : « s’il vous plaît, n’attristez pas l’Esprit. Et dans notre théologie, faire place à l’Esprit Saint. Et aussi dans ce Synode, discerner les voix de l’Esprit de celles qui ne sont pas de l’Esprit, qui sont mondaines. À mon avis, la maladie la plus affreuse aujourd’hui – depuis toujours, mais encore aujourd’hui – que l’on voit dans l’Église est ce qui va contre l’Esprit, c’est-à-dire la mondanité spirituelle »[3]. Cette Première Session (du 4 au 29 octobre 2023) a remis le Rapport de synthèse et les résultats des votations le 28 octobre 2023 suivie d’une Conférence de presse de présentation dudit rapport de synthèse.   

En la Basilique Saint-Pierre de Rome, le Saint-Père avait clôturé cette Première Session par une messe solennelle le 29 octobre 2023, le XXXème Dimanche du Temps Ordinaire. Dans l’homélie de cette circonstance solennelle, le Pape a invité à l’amour et au service : « Frères cardinaux, frères évêques et prêtres, religieuses et religieux, sœurs et frères, au terme de cette étape du chemin que nous avons parcouru, il est important de regarder le “principe et le fondement” sur lequel tout commence et recommence : aimer. Aimer Dieu par toute notre vie et aimer notre prochain comme soi-même. Non pas nos stratégies, non pas les calculs humains, non pas les manières du monde, mais aimer Dieu et le prochain : voilà le cœur de tout. »[4] 

Après la clôture de cette Première Session, tous les Membres synodaux se sont retirés pour approfondir les différentes questions qui devraient permettre à l’Eglise entière dans les prises de décision pendant la Deuxième Session. C’est ainsi que le 14 mars 2024, deux documents furent publiés par la Secrétairerie Générale du Synode : « Comment être une Église synodale en mission ? Cinq perspectives à approfondir théologiquement en vue de la Deuxième Session de la XVIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques » d’un côté et de l’autre « Groupes d'étude sur des questions soulevées lors de la Première Session de la XVIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques à approfondir en collaboration avec les Dicastères de la Curie romaine ». 

Alors, trois mois avant l’ouverture de la Deuxième Session, c’est-à-dire le 9 juillet 2024, l’Instrumentum laboris” pour la deuxième session  de la XVIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques a été rendu public. Par conséquent, tous les participants à ce synode étaient prêts pour poursuivre des travaux de la XVIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques qui ont ouvert les portes le 2 octobre 2024 à Rome après une retraite suivie de veillée de prière et qui s’est clôturée le 28 octobre 2024 dans la même ville. 

2. Présentation Générale du Document de la Deuxième Session de la XVIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques 

Le document final de la Deuxième Session de la XVIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques enferme cinq grandes parties prises en sandwich par une introduction et une conclusion. Chacune de ses parties de l’introduction à la conclusion s’ouvre par un extrait de l’évangile autour de la Résurrection de Jésus. Dans sa salutation finale du 26 octobre 2024, le Saint-Père disait : « Les références bibliques qui ouvrent chaque chapitre organisent le message en le croisant avec les gestes et les paroles du Seigneur Ressuscité, qui nous appelle encore à être des témoins de son Évangile, plus par nos vies que nos paroles ».  

De l’introduction 

Dans un esprit d’écoute de l’Esprit, le document a offert une introduction qui nous invite à tourner  notre regard vers le ressuscité pour découvrir sa présence grâce à la foi commune dans laquelle nous vivons comme baptisés. Ces derniers contemplent encore les marques de plaies du ressuscité dans les différents maux qui rongent le monde à cause de nos péchés en partie. Le document dit : « Fixer notre regard sur le Seigneur ne nous détourne pas des drames de l’histoire, mais ouvre nos yeux pour reconnaître la souffrance qui nous entoure et nous traverse : les visages des enfants terrorisés par la guerre, les pleurs des mères, les rêves brisés de tant de jeunes, les réfugiés qui affrontent de terribles voyages, les victimes du changement climatique et de l’injustice sociale ».   

De ce préambule, le document a rappelé tous les efforts du peuple de Dieu qui a apporté sa pierre d’édifice pour ce synode de 2021 à 2024 trouvant son énergie grâce au chemin synodal du « Concile Vatican II a été comme une semence jetée dans le champ du monde et de l’Église car « Tout le peuple de Dieu est le sujet de l’annonce de l’Évangile. En lui, chaque baptisé est appelé à être un protagoniste de la mission parce que tous, nous sommes des disciples missionnaires » (CTI, n. 53). 

Faisant référence à la Première Session de l’Assemblée des Evêques, la Deuxième a rappelé la répartition des thèmes selon les dix « groupes d’études composés de pasteurs et d’experts de tous les continents, appelés à travailler selon une méthode synodale ». La commission canonique avec la complicité du Dicastère pour les textes législatifs a joué aussi le rôle non moins important ; et les questions spécifiques à l’Afrique comme « l’accompagnement pastoral des personnes vivant dans des mariages polygames » a été réservé au discernement Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar. 

Après cette introduction, les cinq parties qui suivront seront présentées en reprenant le texte propre du document résumant chaque partie avant de vous livrer un résumé plus développé atterrissant dans les recommandations.  

De la Première Partie 

Le cœur de la synodalité – Appelés par l’Esprit Saint à la conversion  

  • Résumé 

« La première, intitulée Le cœur de la synodalité, expose les fondements théologiques et spirituels qui éclairent et nourrissent la suite, réaffirme la conception commune de la synodalité issue de la première session et développe ses perspectives spirituelles et prophétiques. La conversion des sentiments, des images et des pensées qui habitent nos cœurs va de pair avec la conversion de l’agir pastoral et missionnaire ». 

  • Contenu 

Le Document présente l’essence de la synodalité aux attitudes de trois disciples après la résurrection : Marie de Magdala, Jean l’Apôtre aimé et Pierre. Par conséquent, L’Eglise est invitée à être témoin du pardon et de la mission. De surcroit, la mission devient le sacrement d’unité en étant un seul peuple de Dieu par le baptême. Le Père a envoyé son Fils mort et ressuscité qui à son tour nous sanctifie par l’Esprit Saint en rendant notre corps Temple de l’Esprit avec l’appui incessant de l’intercession de la Vierge Marie, Notre Dame de l’Espérance. Notre témoignage d’unité doit se manifester dans trois instances éclésiales : communio fidelium (communion des fidèles), communio ecclesiarum (communion des Églises), communio episcoporum (communion des évêques), sans oublier la place prépondérante Les pauvres », les marginaux et les exclus en faisant référence L’option préférentielle pour les pauvres qui est implicite dans la foi christologique. 

Compris dans ce sens, le peuple de Dieu doit marcher synodalement dans l’Église redécouvrir la variété des vocations, des charismes et des ministères qui a une racine unique : le Baptême (1 Co 12, 13). C’est ici que l’on doit distinguer le sensus fidei (qui admet que tous les croyants possèdent un instinct pour la vérité de l’Évangile mais doit pas être confondu avec l’opinion publique) au consensus fidelium (qui est le consesus des fidèles). Le premier est « toujours lié au discernement des pasteurs aux différents niveaux de la vie ecclésiale » et le second est « critère sûr pour déterminer si une doctrine ou une pratique particulière appartient à la foi apostolique »[5]. D’où la grande importance de l’Initiation Chrétienne : Le Baptême nous incorpore dans le peuple de Dieu et « la confirmation, qui rend présente la grâce de la Pentecôte dans la vie du baptisé et de la communauté », trouvent pleinement leur déploiement dans la « célébration de l’Eucharistie, surtout le dimanche où le peuple de Dieu se réunit et se rencontre ». Le document parle de ce « lien étroit entre synaxis et synodos, entre l’assemblée eucharistique et l’assemblée synodale » ; c’est pour dialoguer, discerner et décider avec l’aide de la Vierge Marie qui enferme en elle « les traits d’une Église synodale, missionnaire et miséricordieuse ». Chacun dans cet édifice agit selon la nature de son ministère pour toucher directement les spécificités au niveau institutionnel : local, régional, universel et toucher des événements synodaux à tous les niveaux sous des évêques en communion collégiale et hiérarchique avec l’évêque de Rome. 

  • Recommandation 
    • Observer un lien étroit entre synaxis et synodos, entre l’assemblée eucharistique et l’assemblée synodale;
    • S’assembler pour dialoguer, discerner et décider avec l’aide de la Vierge Marie qui enferme en elle « les traits d’une Église synodale, missionnaire et miséricordieuse: 
    • Agir selon le ministère de chacun au niveau local, régional, universel et toucher dans un esprit collégial et hiérarchique avec l’évêque de Rome;
    • Observer avec attention la différence de religion, la diversité des âges, des sexes et des appartenances sociales au sein de l’Église 
    • L’ascèse, l’humilité, la patience et la disponibilité à  doit pardonner et à être pardonné doivent ouvrir l’Eglise à la prophétie sociale.[6]   

De la Deuxième Partie 

Ensemble dans la barque La conversion des relations

  • Résumé

« La deuxième partie, intitulée Ensemble, sur la barque, examine la conversion des relations au sein de la communauté chrétienne, à travers l’interaction des vocations, charismes et ministères ». 

  • Contenu 

C’est ici que l’Eglise oriente le peuple de Dieu vers le renouvellement de structures et des relations « avec Le Seigneur entre hommes et femmes, dans les familles, dans les communautés, entre tous les chrétiens, entre les groupes sociaux et les religions, avec la création » avec critère d’approche le Baptême pour éviter l’exploitation lucrative de l’être humain. 

Fort de cette réflexion, le document à énumérer les différents maux qui rongent le monde et dénigrent la dignité humaine : les guerres et les conflits armés,l’exploitation lucrative de l’être humain et de la nature, les divisions même au sein des chrétiens, les inégalités entre hommes et femmes, le racisme, la division en castes, la discrimination des personnes handicapées, la violation des droits des minorités de tout genre, le refus d’accueillir les migrants, le rejet des enfants dès le sein maternel, ainsi que les personnes âgées, des abus au sein de l’Eglise. Quant aux personnes handicapées, l’assemblée souhaite la création d’un Observatoire ecclésial du handicap pour valoriser la contribution des personnes handicapées. Quatre charismes majeurs ont été souligné par la suite :la vocation des époux, la vie consacrée, la tâche des laïcs qui est d’imprégner et de transformer les réalités temporelles selon l’esprit de l’Évangile, les théologiens pour clarifier et à approfondir le sens de la synodalité et à accompagner la formation dans les Églises locale. 

Après cette clarification, le Document s’est penché sur certains points concernant le ministre ordonné au service de l’harmonie : Le ministère de l’évêque qui est de rassembler dans l’unité les dons de l’Esprit, le ministère de l’évêque avec les prêtres constituant ensemble un seul presbyterium dans un élan d’unité[7] sans omettre l’importance des diacres avec son évêque, la collaboration entre les ministres ordonnés au sein de l’Église synodale en rejetant toute forme de cléricalisme, le marcher ensemble pour la mission avec des ministères spécifiques distincts des ministères ordonnés notamment le ministère du lecteur et de l’acolyte[8], et  celui du catéchiste.[9]  À côté de cela, existent des ministères qui ne sont pas institués par un rite, mais qui sont exercés avec stabilité par mandat de l’autorité compétente. 

  • Recommendations
  • une participation plus large des laïcs, hommes et femmes, aux processus de discernement de l’Église et à toutes les phases des processus décisionnels (élaboration et prise de décision) ; 
  • un accès plus large des laïcs, hommes et femmes, aux postes de responsabilité dans les diocèses et les institutions ecclésiastiques, y compris les séminaires, les instituts et les facultés de théologie, conformément aux dispositions existantes ; 
  • une reconnaissance et un soutien accrus à la vie et aux charismes des hommes et des femmes consacrés, ainsi que leur emploi à des postes de responsabilité ecclésiale ; 
  • l’augmentation du nombre de laïcs qualifiés, hommes et femmes, qui assument le rôle de juges dans les procès canoniques ; 
  • une reconnaissance effective de la dignité et du respect des droits de ceux qui travaillent comme employés de l’Église et de ses institutions 

De la Troisième Partie 

Jetez le filet  

  • Résumé 

« La troisième partie, « Jetez les filets », identifie trois pratiques intimement liées : le discernement ecclésial, les processus de prise de décision et une culture de la transparence, du rendre-compte et de l’évaluation. C’est aussi dans ces domaines qu’il nous est demandé d’initier des voies de « transformation missionnaire » ; pour cela, le renouvellement des organismes de participation est une urgence ». 

  • Contenu 

Il est recommandé à l’Eglise dans cette partie d’écouter la voix du Christ dans la prière et le dialogue fraternel par : Le discernement ecclésial de la mission qui passe par la décision prise sous la motion de l’Esprit-Saint : « L’Esprit-Saint et nous-mêmes avons décidé » (Ac 15, 28). Ce discernement fait appel à tous les dons de sagesse que le Seigneur distribue dans l’Église, et s’enracine dans le sensus fidei communiqué par l’Esprit à tous les baptisés. Son point de départ est l’écoute de la Parole de Dieu dans la liturgie, à travers la Tradition vivante de l’Église, son magistère, la méditation personnelle et communautaire de l’Écriture, et les pratiques de la piété populaire. 

Ce discernement doit recourir à la présentation claire de l’objet du discernement ; à un temps convenable pour se préparer par la prière, l’écoute de la Parole de Dieu et la réflexion sur le sujet ; à une disposition intérieure de liberté à l’égard de ses intérêts personnels et collectifs, et un engagement dans la recherche du bien commun ; à une écoute attentive et respectueuse de la parole de chacun ; à la recherche d’un consensus le plus large possible ; à  la formulation, par celui qui conduit le processus, du consensus obtenu, et sa présentation à tous les participants, afin qu’ils manifestent s’ils s’y reconnaissent ou non. 

Dans l’Église synodale, « la communauté tout entière, dans la libre et riche diversité de ses membres, est convoquée pour prier, écouter, analyser, dialoguer, discerner et conseiller afin de prendre des décisions » (CTI, n. 68) pour la mission. Déjà les Pères de l’Église réfléchissaient sur la communion essentielle à la mission du peuple de Dieu, à travers un triple « rien sans » (nihil sine) : « rien sans l’évêque » (S. Ignace d’Antioche, Lettre aux Tralliens, 2, 2), « rien sans le conseil des prêtres, rien sans le consentement du peuple » (S. Cyprien de Carthage, Lettre 14, 4). Là où cette logique du nihil sine est rompue, l’identité de l’Église est obscurcie et sa mission est empêchée…Le processus doit également inclure la phase de mise en œuvre de la décision, et celle de son évaluation. 

Dans une Église synodale, la compétence décisionnelle de l’évêque, du collège épiscopal et de l’évêque de Rome est inaliénable, car elle est enracinée dans la structure hiérarchique de l’Église établie par le Christ, au service de l’unité et du respect de la légitime diversité (cf. LG 13). 

  • Recommandations 
  • à l’autorité de définir avec clarté l’objet de la consultation et de la délibération, ainsi que la personne à qui revient la prise de décision ; 
  • les personne consultées, à titre individuel ou en tant que membres d’un organe collégial, assument la responsabilité de : donner un avis sincère et honnête, en leur âme et conscience tout en respectant la confidentialité des informations reçues ; 
  • une fois que l’autorité compétente a formulé la décision, en ayant respecté le processus de consultation et clairement exprimé les raisons qui la motivent, tous sont tenus de respecter celle-ci et de la mettre en œuvre. Il demeure toujours possible de faire appel à une autorité supérieure, selon les modalités prévues par le droit; 
  • la prise de décision ne conclut pas le processus décisionnel…Rendre compte de son ministère à la communauté de manière transparente dans la vérité, la loyauté, la clarté, l’honnêteté, l’intégrité, la cohérence, le refus de l’opacité, de l’hypocrisie et de l’ambiguïté, l’absence d’arrière-pensées… sauf le secret de la confession : « En tout cas, en ce qui concerne le secret de la confession, « le sceau sacramentel est indispensable et aucun pouvoir humain n’a de juridiction sur lui, ni ne peut la revendiquer » »[10] ; 
  • dans ce travail, il est nécessaire de privilégier les méthodologies d’évaluation participative, de valoriser les compétences de ceux, en particulier les laïcs, qui sont plus familiers avec les processus de rendre-compte et d’évaluation, et d’opérer un discernement des bonnes pratiques déjà présentes dans la société civile locale, en les adaptant aux contextes ecclésiaux; 
  • en particulier, sous des formes appropriées aux différents contextes, il semble nécessaire d’assurer au minimum : un fonctionnement effectif des conseils aux affaires économiques ; 
  • l’implication effective du peuple de Dieu, en particulier de ses membres les plus compétents, dans la planification pastorale et économique ; la préparation et la publication (en fonction du contexte local et avec une accessibilité effective) d’un état financier annuel, certifié par des auditeurs externes dans la mesure du possible, qui rende transparente la gestion des biens et des ressources financières de l’Église et de ses institutions ; 
  • l’élaboration et la publication d’un rapport annuel sur l’exécution de la mission, comprenant une illustration des initiatives prises en matière de protection des mineurs et des personnes vulnérables (safeguarding), de promotion de l’accès des laïcs aux postes d’autorité et de leur participation aux processus décisionnels, en précisant la proportion d’hommes et de femmes ; 
  • les procédures d’évaluation périodique de la performance de tous les ministres et de ceux qui ont une mission au sein de l’Église. Nous devons nous rendre compte qu’il ne s’agit pas d’un effort bureaucratique qui aurait sa fin en lui-même, mais d’un effort de communication qui s’avère être un puissant moyen éducatif en vue d’un changement de culture, en plus de permettre que soit donnée une meilleure visibilité à de nombreuses initiatives précieuses de l’Église et de ses institutions, qui restent trop souvent cachées; 
  • dans le processus synodal d’une Eglise, une attention égale doit être accordée à la composition des organes de participation, de manière à favoriser une plus grande implication des femmes, des jeunes et de ceux qui vivent dans des conditions de pauvreté ou de marginalisation.


De la Quatrième Partie 

Une pêche abondante 

Résumé 

« La quatrième partie, intitulée Une pêche abondante, décrit comment il est possible d’inventer de nouvelles formes pour cultiver l’échange des dons et l’entrelacement des liens qui nous unissent dans l’Église, à une époque où l’expérience de l’enracinement dans un lieu est en train de changer profondément ». 

Contenu 

Le Document mentionne que l’Eglise est comprise territorialement dans un espace et un temps où se forme une expérience partagée de la rencontre avec Dieu Sauveur en tenant compte de profonds changements socioculturels qui modifient la perception du lieu. Il est souligné que le concept de lieu ne peut plus être compris en termes purement géographiques et spatiaux, mais évoque à notre époque l’appartenance à un réseau de relations et à une culture dont les racines territoriales sont plus dynamiques et flexibles que jamais. Ceci rend les limites des paroisses et des diocèses moins définis. D’où la valorisation des structures adaptées et la créativité missionnaire qui doit explorer de nouvelles formes de pastorale et identifier des parcours concrets de prise en charge. 

Aussi l’Assemblée a-t-elle  mentionné la croissance de mobilité humaine pour plusieurs raisons. Notamment les réfugiés et les migrants avec leur multi culturalité qui certains grâce aux moyens numériques restent attachés à leurs lieux d’origine et d’autres sont parfois déconnectés. Et ceux qui accueillent et les migrants tous subissent l’impact de la rencontre avec la diversité des origines géographiques, culturelles et linguistiques et sont appelés à construire des communautés interculturelles. L’Eglise doit être capable de maintenir des liens d’appartenance surtout par le biais du numérique pour mieux vivre le marcher ensemble et repenser la signification de sa dimension « locale » et qu’elle remette en question ses formes d’organisation afin de mieux servir sa mission. C’est pourquoi la paroisse comme territoire ne doit pas s’enfermer à elle-même. 

Dans cet élan, l’Assemblée encourage des instituts de vie consacrée, des sociétés de vie apostolique, ainsi que des associations, des mouvements et des communautés nouvelles, à s’enraciner dans le territoire et, en même temps, à relier des lieux et des milieux différents, même au niveau national ou international pour porter l’évangile dans les lieux les plus divers : hôpitaux, prisons, maisons pour personnes âgées, centres d’accueil pour migrants, mineurs, marginaux et victimes de violence ; lieux d’éducation et de formation, écoles et universités, où se rencontrent les jeunes et les familles ; lieux de culture, de politique et de développement humain intégral où s’imaginent et se construisent de nouvelles formes de vie en commun. Nous regardons aussi avec gratitude les monastères, lieux de convocation et de discernement, prophétie d’un « au-delà » qui concerne toute l’Église et oriente son cheminement. Il est de la responsabilité spécifique de l’évêque diocésain ou éparchial d’animer cette multiplicité et de veiller aux liens d’unité. Les instituts et les associations sont appelés à agir en synergie avec l’Église locale, en participant au dynamisme de la synodalité. 

Ne se limitant pas sur des considérations précédentes, les Membres synodaux ont aussi encouragé l’échange de dons dans la diversité des charismes et de ministères entre les Eglises. Il est nécessaire de se concentrer sur les conditions à assurer pour que les prêtres qui viennent en aide aux Églises pauvres en clergé ne soient pas seulement un remède fonctionnel, mais une ressource pour la croissance de l’Église qui les envoie et de l’Église qui les reçoit. Et cela doit se faire par un vrai dialogue pour l’unité universelle de l’Eglise. A ce propos, les conférences épiscopales expriment et mettent en œuvre la collégialité des évêques afin de favoriser la communion entre les Églises et de répondre plus efficacement aux besoins de la vie pastorale. 

  • Recommandations 
  • recueillir les fruits de la réflexion sur le statut théologique et juridique des Conférences épiscopales ; 
  • préciser le domaine de la compétence doctrinale et disciplinaire des Conférences épiscopales. Sans compromettre l’autorité de l’évêque dans l’Église qui lui est confiée, ni mettre en péril l’unité et la catholicité de l’Église ; 
  • procéder à une évaluation de l’expérience du fonctionnement concret des Conférences épiscopales, des relations entre les épiscopats et avec le Saint-Siège, afin d’identifier les réformes concrètes à mettre en œuvre. Les visites ad limina Apostolorum pourraient être une occasion propice pour une telle évaluation ; 
  • veiller à ce que tous les diocèses fassent partie d’une province ecclésiastique et d’une conférence épiscopale (cf. CD 40) ; 
  • préciser le lien ecclésial que les décisions prises par une conférence épiscopale génèrent, à l’égard de son propre diocèse, pour chaque évêque ayant participé à ces mêmes décisions pour les sept assemblées continentales, leur statut théologique et canonique devra être clarifié afin de pouvoir exploiter leur potentiel pour le développement ultérieur d’une Église synodale ; 
  • pour d’autres chrétiens, des représentants d’autres religions, des institutions publiques, des organisations de la société civile et la société dans son ensemble, créer des espaces d’écoute et de dialogue ; pour certaines Conférences épiscopales qui ne peuvent participer à des assemblées continentales ou à des organismes ecclésiaux supranationaux raison de situations sociales et politiques particulières, le Saint-Siège aura à cœur de les aider en favorisant le dialogue et la confiance réciproque avec les États; 
  • pour le service de l’évêque de Rome, ce dernier, évêque de Rome, est le garant de la synodalité, il veille aussi à la sauvegarde de l’identité des Églises orientales catholiques, dans le respect de leurs traditions théologiques, canoniques, liturgiques, spirituelles et pastorales séculaires. C’est pourquoi il est impérieux d’établir un Conseil des patriarches, archevêques majeurs et métropolites des Églises orientales catholiques, présidé par le Pape, qui serait expression de synodalité et un instrument pour promouvoir la communion ; 
  • proposition au Saint-Père de convoquer un Synode spécial pour promouvoir la consolidation et la renaissance des Églises orientales catholiques ; 
  • Avant de publier des documents normatifs importants, les Dicastères sont invités à entamer une consultation avec les Conférences épiscopales et les institutions correspondantes des Églises orientales sui iuris ; 
  • profiter de l’occasion de la commémoration commune du 1700e anniversaire du Concile de Nicée en lançant des initiatives audacieuses pour une date commune de Pâques, afin que nous puissions célébrer la résurrection du Seigneur le même jour, comme cela se produira providentiellement en 2025.

De la Cinquième Partie 

Moi aussi, je vous envoie  

  • Résumé  

« Moi aussi je vous envoie », qui nous permet de regarder une étape indispensable : prendre soin de la formation de tous les membres du peuple de Dieu à la synodalité missionnaire. 

  • Contenu 

Cette dernière partie du Document invite le peuple entier à la mission de proclamer le Royaume de Dieu, en offrant à toute personne, sans exclusion, la miséricorde et l’amour du Père. Le geste délicat, qui accompagne les paroles du Ressuscité, rappelle ce que Dieu a fait au commencement. Mais cela n’est possible qu’en passant par une formation. Et cette formation débute par l’initiation chrétienne. L’on ne peut être un vrai disciple missionnaire sans une initiation chrétienne. L’Assemblée souligne qu’ « Être des disciples missionnaires du Seigneur n’est cependant pas un objectif atteint une fois pour toutes. Cela implique une conversion continue, une croissance dans l’amour jusqu’à « la stature du Christ dans sa plénitude » (Ep 4, 13) et une ouverture aux dons de l’Esprit, en vue d’un témoignage de foi vivant et joyeux. ». Il est important ici de mentionner la nécessité de soigner les célébrations eucharistiques qui est pour de nombreux fidèles le seul contact avec l’Église : soigner au mieux sa célébration, en accordant une attention particulière à l’homélie et à la « participation active » (SC 14) de tous. 

  • Recommandations 
  • Que la formation soit intégrale, continue et partagée ; 
  • la présence de formateurs idoines, compétents, capables de confirmer par leur vie ce qu’ils transmettent par leurs paroles ; 
  • que personne ne soit simple destinataire d’une formation : chacun est un acteur et a quelque chose à donner aux autres ; 
  • Une attention à la catéchèse qui fait référence au Catéchisme de l’Église catholique ; 
  • soigner la catéchèse dans nombreuses autres institutions de formation telles que les écoles, la formation professionnelle, les universités, la formation à l’engagement social et politique, le monde du sport, de la musique et de l’art. …En particulier, l’école et l’université d’inspiration catholique jouent un rôle important dans le dialogue entre foi et culture, et dans l’éducation morale aux valeurs, en offrant une formation orientée vers le Christ, icône de la vie en plénitude. … Dans certains contextes, elles sont le seul environnement dans lequel les enfants et les jeunes entrent en contact avec l’Église. …Pour cela, il est nécessaire qu’elle se déroule comme un échange de dons entre les différentes vocations (communion), dans la perspective d’un service à accomplir (mission) et dans un style d’implication et d’éducation à la coresponsabilité différenciée (participation); 
  • une révision de la Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis est demandée par l’Assemblée pour une formation à la synodalité; 
  • dans la formation du Peuple de Dieu à la synodalité, il est nécessaire de prendre en considération certains domaines spécifiques tels que l’impact de l’environnement numérique sur les processus d’apprentissage, la capacité de concentration, la perception de soi et du monde, et la construction de relations interpersonnelles;
  • que le message chrétien soit présent en ligne d’une manière fiable sans que son contenu ne soit déformé de manière idéologique. Il est important que les institutions éducatives de l’Église aident les enfants et les adultes à développer des compétences critiques pour naviguer en toute sécurité sur le web; 
  • la promotion, dans tous les milieux ecclésiaux, d’une culture de la protection des mineurs et des personnes vulnérables (safeguarding), afin de faire des communautés des lieux toujours plus sûrs pour eux. … 
  • Il faut poursuivre cet engagement, en offrant une formation spécifique et continue adéquate à ceux qui travaillent en contact avec des mineurs et des adultes plus faibles, afin qu’ils agissent avec compétence, et sachent percevoir les signaux souvent silencieux de ceux qui vivent un drame et ont besoin d’aide;
  • les victimes et les survivants doivent être accueillis et soutenus avec une grande sensibilité ; 
  • les thèmes de la doctrine sociale de l’Église, l’engagement pour la paix et la justice, le soin de la maison commune, le dialogue interculturel et interreligieux doivent également être plus largement diffusés au sein du peuple de Dieu, afin que l’action des disciples missionnaires contribue à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel.


Conclusion 

Un banquet pour tous les peuples  

Après ce riche texte, l’Assemblée l’a conclu en tournant notre regard vers les repas pris par le Ressuscité avec les disciples qui manifestent l’image du banquet du prophète Isaïe qui a inspiré les travaux de l’Assemblée synodale: « La table que le Seigneur prépare pour les siens après la Pâque est un signe que le banquet eschatologique a déjà commencé ». Les pauvres, les derniers, les exclus, ceux qui ne connaissent pas l’amour et sont sans espérance, ni ceux qui ne croient pas en Dieu ou ne se reconnaissent dans aucune religion établie ne doivent pas être oubliés pour notre synodalité de l’Église soit ainsi prophétie sociale qui inspire de nouvelles voies notamment pour la politique et l’économique, et collabore avec tous ceux qui croient à la fraternité et à la paix, dans un échange de dons avec le monde. Avec l’aide de l’Esprit Saint qui agit dans le cœur de chaque être humain pour des relations authentiques et de liens véritables, l’Assemblée a confié les résultats de ce Synode à la Vierge Marie, elle qui porte le titre splendide d’Odigitria, celle qui indique le chemin et qui guide. 


III. Postambule  

A savoir que 368 membres ont constitué l’Assemblée synodale et ont travaillé sur un rythme un peu différent de la première assemblée : moins d’assemblées plénières, plus de temps pour la réflexion, la prière et le discernement. 53 femmes font partie des 368 membres de l’Assemblée composée à 75% d’évêques. Parmi eux notre Archevêque, Son Eminence Dieudonné Cardinal Nzapalinga qui d’ailleurs est secrétaire. Avec le Document final, le chemin se poursuit dans les Églises locales et leurs regroupements, en s’appropriant le Document final qui a été voté et approuvé par le Saint-Père le 26 octobre dernier 2024. Le Saint-Père l'avait en ordonnant sa publication pour le saint Peuple fidèle de Dieu.

Le Pape avait déclaré : "En reconnaissant la valeur du parcours synodal accompli, je confie maintenant à l’Église tout entière les orientations contenues dans le Document final, comme une manière de restituer ce qui a mûri au fil de ces années d’écoute et de discernement, et comme une référence qui fait autorité pour la vie et la mission de l’Eglise. Le Document final fait partie du Magistère ordinaire du Successeur de Pierre (cf. EC 18 § 1 ; CCC 892) et, en tant que tel, je demande qu’il soit accepté. Il représente une forme d’exercice de l’enseignement authentique de l’évêque de Rome."

Abbé Jean-Marie KONDE, Prêtre Fidei donum dans l'Archidiocèse de Bangui

TMNews@150225



[1] Pape François, Episcopalis comunio,n°4   [2] Ibid   [3] Ouverture de la Première Session Ordinaire de la XVIème Assemblée Générale des Evêques   [4] Homélie du Pape à la clôture de la Première Session Ordinaire de la XVIème Assemblée Générale des Evêques   [5] Commission théologique internationale, Le sensus fidei dans la vie de l’Église, 2014, n° 3   [6] François, Discours pour la commémoration du 50 e anniversaire de l’institution du Synode des évêques, 17 octobre 2015.   [7] Lumen Gestium, 28   [8] François, Lettre apostolique sous forme de Motu proprio Spiritus Domini, 10 janvier 2021   [9] François, Lettre apostolique sous forme de Motu proprio Antiquum ministerium, 10 mai 2021   [10] François, Discours aux participants au XXXe cours sur le for interne organisé par la Pénitencerie apostolique, 29 mars 2019   

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